lundi 18 avril 2011

IX - POINT COMMUN DE TOUTES NOS INSTITUTIONS CORROMPUES : LE HAUT FONCTIONNAIRE

Le haut-fonctionnaire, c’est un fonctionnaire qui a suivi une formation plus poussée que les autres fonctionnaires, dans une école homologuée (du genre Ena, X, Normale Sup, Enm). Il est au moins Bac+5. C’est tout ce qu’on lui demande. On ne lui impose aucune expérience professionnelle particulière qui le mettrait au-dessus des autres. C’est sa formation qui lui donne droit de diriger un département ou un service important de l’administration, peuplé de (petits) fonctionnaires.
Passons en revue le pouvoir exécutif depuis le début de la 5ème république :

·         De Gaulle : fils de prof, École militaire de Saint-Cyr, devenu Général puis ministre de la Défense et de l'Algérie
·         Pompidou : École normale supérieure (grande école d'Etat formant l'élite des enseignants et chercheurs),  professeur, socialiste, obtient grâce à des amis gaullistes un poste de chargé de mission pour l'Éducation nationale au Cabinet du général de Gaulle. Ensuite, la voie royale : maître des requêtes au Conseil d'État,  Directeur du Commissariat au Tourisme, directeur de cabinet de De Gaulle, Premier ministre. Mais, seul de tous nos présidents, il passera 8 ans dans le privé comme haut responsable d’une banque, ce qui fera de lui un chef d’Etat hors norme.
·         Giscard : polytechnicien et énarque, inspecteur des finances, ministre des finances de Pompidou 
·         Mitterrand : fils et petit fils de fonctionnaire, sciences po, avocat, fonctionnaire, conseiller général, 11 fois ministre sous la 4ème république
·         Chirac : famille fonctionnaire (son père est administrateur d'une petite société industrielle publique), Sciences Po, Ena, haut fonctionnaire, secrétaire d'État de Pompidou, 1er ministre de Giscard
·         Sarkozy : maîtrise de droit, DEA de sciences politique. A 19 ans, il adhère à l'UDR (qui deviendra RPR deux ans plus tard) et devient délégué départemental des jeunes des Hauts-de-Seine à 21 ans grâce à Charles Pasqua. Il est élu député, puis maire, de Neuilly. Enfin, à 47 ans, il devient ministre de Chirac.
Quelle leçon tire-t-on de cette liste ?
·         Tous sauf Sarkozy sont d'éducation et de choix fonctionnaires. Sarkozy a choisi la politique comme plan de carrière, il a fait un DEA de sciences politiques puis choisi le métier le plus proche de la fonction publique qui lui laisserait la liberté de faire de la politique : avocat.
·         Tous furent ministres avant d'être élus
·         Tous se sont servis d'un président précédent pour se faire connaître puis élire, sauf un : Mitterrand
·         Tous sont de droite, sauf un : Mitterrand
·         Mitterrand fut donc le seul pur produit de la démocratie française. Résultat : ce fut de très loin le président le plus pourri de notre histoire...
Conclusion : "qui se ressemble s'assemble". Ces hommes naviguent dans les mêmes eaux du pouvoir jusqu'à ce qu'ils soient remarqués. Ces eaux, c'est celles de l'administration, dont on a vu l'absence totale de sens moral. Ils sont alors promus par un président, rarement une lumière (excepté les deux premiers qui avaient une haute idée des devoirs de leur fonction). Les Français préfèrent apparemment la droite mais élisent systématiquement la même classe minoritaire de Français, qui ne représente que 15 % de la population, d'esprit gauchisant et qui n'a que mépris pour les 85 % restants (non fonctionnaires et gens du privé). Notre démocratie est loin d'être au point...

Près de 80% des directeurs du ministère des Finances, 75% des directeurs des cabinets ministériels, et la présidence de la République sont aux mains d’énarques (source Ifrap) !

Comme le souligne l'Observatoire des Inégalités, c'est facile pour un fonctionnaire de se faire élire car il a tout le temps et ne perdra jamais son emploi ...ni son niveau de salaire. Officiellement, 49% des parlementaires sont fonctionnaires. Mais pas n’importe lesquels : des surdiplômés et des privilégiés selon les observateurs, donc pour la plupart des hauts-fonctionnaires. Alors que, tout aussi officiellement, la fonction publique dans sa globalité représente 20% de la population... Cela signifie, toujours officiellement, que les fonctionnaires sont plus de deux fois trop nombreux dans l'hémicycle et qu’en conséquence le parlement ne représente pas la France. Voilà qui explique mieux sa tendance à la corruption… Avec 49 % des votes, ils ne sont qu'à 1 % de la majorité absolue ! Mais… dans les faits et depuis toujours, le reste des élus relève en majorité du parapublic ou d'inactifs assimilables à des fonctionnaires : 20 % des élus sont des professions libérales ...étroitement encadrées par l'Etat : médecins, chirurgiens, professionnels de la politique, assistants parlementaires, avocats, clercs de notaire, pharmaciens et permanents politiques ! Les représentants du privé sont des faux… Nous avons un "cadre supérieur" ...de France Télécom. Et puis, rions un peu, nous avons un "agent d'assurances" : Xavier Bertrand ! Une des âmes damnées de Sarkozy, adjoint au maire de  Saint-Quentin dans l'Aisne depuis 1992 et député depuis 2002… Nous avons un "ouvrier métallurgiste" : Maxime Gremetz, syndicaliste communiste depuis plus de 40 ans ! Etc. J’ai cherché vainement un vrai représentant du privé, il existe peut-être mais je ne l’ai pas trouvé. 
Voilà le portrait-robot du parlementaire français, tel que le dessinent Olivier Costa et Éric Kerrouche, de l'Institut d'études politiques de Bordeaux : « Un homme de plus de cinquante ans, fortement diplômé, souvent salarié du public et/ou issu d'un milieu professionnel favorisé et titulaire d'un mandat exécutif local. ». Donc déjà un homme, pas une femme. Et ce sont eux qui exigent la parité dans les entreprises ! La proportion de femmes est deux fois supérieure dans le privé que chez les parlementaires, sans incitation… Le parlementaire est un "vieux", car en fait la moyenne d'âge est de 57 ans chez les députés et de 58 ans chez les sénateurs ! Et un vieux "fortement diplômé", la marque du fonctionnaire avec ses deux années d'études en plus en moyenne par rapport aux salariés du privé. D’un milieu professionnel « favorisé », car on ne trouve que 0,9 % d'ouvriers et 2,4 % d'employés, et encore des syndiqués, alors que ceux-ci représentent la moitié de la population active. Titulaire d’un mandat exécutif local, c'est-à-dire déjà élu par ailleurs dans sa région. En 2009 (selon Le Monde) 87 % des membres de l’assemblée ont au moins un mandat supplémentaire (du président de région au simple conseiller municipal en passant par le maire), et 24 % d’entre eux cumulent trois mandats ! Tout ça payé par nous… 
La plupart des députés n'exercent plus leur métier depuis longtemps. Comme le dit Ouest France : "Le métier des députés c'est... député. La majorité des députés se tiennent à carreau pour ne pas perdre leur job, l'Assemblée nationale est très docile. Les députés travaillent ...à préserver leur éligibilité ". Ou comme le dit le Journal du CNRS : "La députation est devenue un métier à part entière : la plupart des députés n'exercent plus leur profession depuis longtemps et partagent leur temps entre plusieurs mandats, le cumul restant une particularité bien française." 
Donc, les députés ont une origine, hauts-fonctionnaires ou assimilés, une profession : député et une obsession : s’enrichir par tous les moyens sans travailler. Cette obsession les conduit à tout faire pour rester députés à vie ! Par le fait-même, les rares qui ne sont pas fonctionnaires le deviennent dans l’hémicycle… Leur expérience du monde réel, de l’entreprise privée qui fait vivre l’ensemble de la population, est inexistante.

Nombreux sont ceux qui l’ignorent, mais les magistrats sont des « fonctionnaires de justice ». Ce ne sont pas des professionnels indépendants. Ils sont même plus fonctionnaires que les autres car on leur demande des études très longues sans expérience du terrain avant leur consécration comme magistrats. Ils doivent « simplement » avoir fait Sciences Po (qui réclame une année de préparation préalable) ou un mastère de droit, lequel leur donne le droit de se présenter à un concours, lequel leur ouvrira ou non l’accès à l’Ecole Supérieure de la Magistrature (« ENM »). Ouf ! Soit Bac+7 ! La formation ENM débute par 6 mois de stage en cabinet d’avocats. L’idée est bonne mais, soit dit en passant, elle explique le copinage condamnable entre ces deux métiers. Un stage comme greffier ou assesseur dans un tribunal serait infiniment plus instructif en permettant au jeune juge d’apprendre à considérer les points de vue des deux parties. Puis, en dernière année, il a droit à deux mois de stage sur le terrain. Pour une fonction aussi grave et essentielle à une démocratie moderne, c’est tout comme expérience du monde réel... Un gamin studieux de 26 ans, qui ignore encore tout de la vie, des complexes relations humaines et du terrain, devient ainsi juge doté de pouvoirs énormes ! Il n’a qu’une épaule secourable sous la main, si j’ose dire, ce sont ses collègues, qui bien gentiment, par corporatisme, lui pardonneront toutes ses erreurs (voyez le cas du juge Burgaud dans l’affaire d’Outreau). Bac + 7 dans l’apprentissage d’une matière aussi théorique que le droit est une durée d’études insupportablement longue, typique des hauts-fonctionnaires. Aucune intelligence normale, « privée », ne peut accepter ce carcan mental.

Il y a deux sortes de magistrats : ceux du « siège », les juges que nous connaissons, et ceux du « parquet », des employés du ministère de la justice. Les premiers jugent, les seconds sont des exécutants. Les juges du siège sont de par la loi « indépendants et inamovibles ». En fait on a vu qu’ils sont loin d’être indépendants. Ils sont mêmes partisans et souvent corrompus. Par contre, ils sont vraiment inamovibles… Ce qui les rend totalement irresponsables de leurs actes. Il est impossible de les poursuivre en justice. Mes mésaventures l’ont bien démontré. Celui qui s’y risque encourt même de graves sanctions. Quant aux magistrats du parquet, ce sont les procureurs de la république et leurs substituts. Là encore, mes mésaventures ont montré qu’il s’agit d’exécutants à la solde du gouvernement, sans le moindre sens de la justice et le plus souvent agresseurs anonymes !

Si certains doutaient encore de l’indépendance des magistrats, qu’ils se rappellent que l’écrasante majorité d’entre eux sont …de gauche ! Défaut irrémédiable pour rendre une justice dépassionnée. La gauche, c’est le sectarisme, le « toujours plus d’Etat », le monde des fonctionnaires et la lutte des classes. Elle donne tort au patron ou au « riche », suspectés d’être de droite donc partisans du « moins d’Etat » mais en fait seuls détenteurs naturels du pouvoir réel. Mon cas probablement… Un juge ne devrait appartenir à aucun parti politique et n’avoir aucun parti-pris. En France, c’est impossible. Même un excellent magistrat comme le juge Petit à Nantes (voir 1ère partie) trahit gaillardement la justice en faisant tout pour donner raison au haut-fonctionnaire ripou. Alors… quand il s’agit de mauvais magistrats…

En 2006, officiellement (selon Le Point), sur 1 884 000 syndiqués, 1 050 000 sont fonctionnaires, 834 000 privés. Alors que le secteur public compte 5,2 millions de personnes et le secteur privé 20 millions de personnes ayant un emploi …plus les chômeurs ! Soit la proportion effarante de 20 % de syndiqués dans l’administration !  Alors qu’elle n’est que de 4 % dans le privé… Mais, cela, c’est le chiffre officiel ! Il faut ajouter aux syndiqués du public tous les permanents cachés un peu partout dans les administrations et les collectivités locales (style permanents RPR payés par la Mairie de Paris à ne rien faire), soit des dizaines de milliers on l’a vu plus haut… Il faut aussi ajouter les syndiqués du secteur parapublic, un secteur qui compte 2 millions de salariés bénéficiant statutairement des mêmes avantages que les fonctionnaires. On les trouve dans les hôpitaux, services sociaux, établissements publics à caractère industriel et commercial, sociétés nationales, sociétés anonymes à participation publique majoritaire initialement dénommée sociétés d’économie mixte.

Des 5 syndicats officiels, un seul ne s’affiche pas de gauche, le plus petit : la CGC (ou CFE-CGC), syndicat des ingénieurs et cadres. Il est traditionnellement du côté de l’entreprise, donc des patrons, donc de droite. Ce qui ne l’empêche pas de jouer son rôle de défenseur du salarié cadre face au patron. Cette proportion est anormale, bien entendu, dans un pays majoritairement de droite (5 présidents de la république sur 6).

Bilan : nos syndicats et nos syndiqués sont principalement des fonctionnaires dotés d’une idéologie de gauche prônant la domination de l’Etat - dont ils sont membres ! - sur le privé.

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