lundi 18 avril 2011

IV - LE POUVOIR LÉGISLATIF : UNE POLITIQUE OCCULTE CONTRAIRE AUX INTÉRÊTS DES FRANCAIS


On l'a vu précédemment, Sarkozy et le parlement se sont permis ensemble une modification discrète de la constitution sans demander aux Français leur avis, pour parvenir à faire passer la constitution européenne refusée par eux. S'ils l'ont fait ainsi, c'est qu'ils savaient d'avance qu'ils ne seraient pas d'accord. Ils sont donc associés, et l'étaient avant même l'élection de Sarkozy tellement le coup était bien préparé, dans des buts contraires à l'intérêt des Français. CQFD… Notre législateur, le représentant du peuple élu et le défenseur d'un État de droit, a donc cette fois-là commis deux forfaitures. Et c'était il y a seulement trois ans… Je vous dirai plus loin quel but extraordinaire ils poursuivent tous avec cette fameuse constitution européenne. Des forfaitures menées dès le début du mandat d'un président montrent que le procédé est rôdé et jugé sans risque par ses acteurs. On n'en est sûrement pas à la première modification subreptice de la constitution.
Justement ! Avez-vous lu la constitution française ? Probablement pas… Pour tout le monde, c'est un texte trop complexe et long, rédigé en langue administrative. Donc difficile à comprendre et ennuyeux à lire. En plus, pour ceux qui l'ont approché, il ne nous concerne quasiment pas, nous Français moyens ! Donc, on ne le lit pas… Je vous signale que si c'est vrai, c'est déjà la preuve que ce texte est mauvais. Car une constitution, ce n'est rien d'autre qu'un règlement intérieur, une affiche que l'on retrouve dans toutes les entreprises et que tout le monde est censé connaître par cœur. Il décrit les droits et devoirs de chacun. Sauf qu'on ne trouve jamais dans un règlement intérieur les devoirs des directeurs vis-à-vis de leur personnel. Car une entreprise n'est pas une démocratie. C'est le patron qui commande. Dans une démocratie, c'est le peuple qui commande et l'on doit trouver les devoirs de ceux qu'il a mis aux manettes pour le servir, des élus de base jusqu'aux présidents. Je dis "on doit" car, justement, ces devoirs sont absents de la constitution française…

Maintenant, exerçons notre intelligence… Lisez ci-dessous les principaux chapitres de la constitution française de 2010 (site de l'assemblée nationale) :


TABLE DES TITRES DE LA CONSTITUTION


Quelle sensation en tirez-vous ? Que ça ne nous concerne pas vraiment… Et pourquoi ? Il n'y est question que de président, de gouvernement, de parlement, de conseil constitutionnel, de judicaire, de haute cour, de conseil machin, de "collectivités territoriales", de Nouvelle Calédonie (qu'est-ce qu'elle vient fiche là dans une constitution ? Pourquoi pas la Bretagne ? la Corse ? l'Alsace ?), de francophonie et d'union européenne. En fait, il n'y est question que des pouvoirs des administrations et des élus.
n'aurait jamais pu faire accepter par la France la trahison du traité de Lisbonne sans l'accord de la majorité des députés et sénateurs. On l'a vu plus haut, il a fait modifier la constitution en ajoutant un article lui permettant de faire passer par le parlement la constitution européenne pourtant refusée à 60 % par un vote massif des Français. Il a donc sollicité deux fois le parlement, qui lui a donné deux fois son accord. D'abord pour modifier la constitution sans consulter les Français ni les avertir, ensuite pour voter un dispositif mettant en jeu la souveraineté de la France contrairement à la volonté des Français. Notre législateur commettait donc deux forfaitures… C'était y a seulement trois ans.
Le plus "drôle", c'est que ce magouillage a bien été repéré par le Conseil constitutionnel. Alors ? Comment a-t-il réagi ? Eh bien, froidement : il a réclamé à Sarkozy une modification de la constitution …française ! Afin qu'elle cesse d'être "contradictoire" avec le traité de Lisbonne (13 décembre 2007) !


Notre constitution (1958) assure aux députés et sénateurs deux privilèges insupportables comparés à la dure condition des Français face à la justice : "l'irresponsabilité" et "l'inviolabilité" (sic) !  L'irresponsabilité protège le parlementaire de toute mise en cause pour ses actions commises dans le cadre de ses fonctions. Il n'est donc pas responsable de ses promesses non tenues vis-à-vis de ses électeurs et n'a pas de compte à leur rendre. Il n'est pas non plus responsable des lois qu'il vote dans son intérêt et ceux de ses collègues - nous allons voir ça plus loin - au détriment des intérêts des Français qu'il est censé "représenter". Il ne peut être tenu pour responsable de sa corruption ni de son rôle fréquent de corrupteur (voyez la suite). Il ne peut être tenu pour responsable de ne pas exercer de contrôle ni de sanction envers un gouvernement - un devoir de sa charge - qui ne tient pas ses promesses ou dont il connaît la corruption.
Quant à l'inviolabilité, elle interdit l'arrestation d'un parlementaire pour ses crimes ou délits tant que le Parlement n'est pas d'accord et que le procès dure. Il peut donc continuer à vaquer tranquillement à ses occupations "professionnelles" et il a le temps d'œuvrer ou d'intriguer pour sa défense, contrairement au vulgum pecus croupissant en prison dans l'attente de son jugement, isolé de tous. Bien entendu, ces deux verrous ont été votés sous couvert d'une démocratie bien comprise : l'élu du peuple ne doit pas pouvoir être empêché de légiférer ou de contrôler l'action du gouvernement par les intimidations judiciaires de ses ennemis politiques. Seulement, il y a 577 députés en France ! La mise en examen d'un d'entre eux a peu de chances de bouleverser le travail de l'assemblée ni de son parti (puisque tous appartiennent à un parti). Par ailleurs, selon nos députés "législateurs", nous vivons dans un État de droit - qu'ils ont construit eux-mêmes - où il y aurait une justice. Si le parlementaire poursuivi est innocent, il reviendra rapidement travailler dans l'hémicycle, blanchi, et pourra se consacrer à la poursuite de ses accusateurs… Il pourra aussi en tirer une leçon en imaginant de meilleures lois ou un contrôle plus efficace de l'action du gouvernement. Il faut donc au contraire lui mettre la pression…


Vous avez sûrement entendu parler de la fameuse amnistie que se sont votés les députés socialistes du temps de Mitterrand, suite à l'Affaire Urba. Il s'agissait d'épargner aux élus socialistes les foudres de la justice. Mitterrand avait monté avec le parti socialiste une entreprise nationale de racket pour financer sa campagne aux présidentielles, acheter le silence des autres partis …et alimenter son compte en banque. Le principe - toujours utilisé aujourd'hui - était le suivant : chaque société répondant à un appel d'offres de marché public émanant d'une mairie, d'une administration ou d'une collectivité locale socialiste, recevait la visite d'un socialiste. Celui-ci proposait au patron le marché suivant : vous gonflez votre devis de 10 % (par exemple) et, si vous êtes retenu, ces 10 % ne seront pas pour vous, ils seront pour le parti socialiste. Et quand je dis "10 %", c'est parfois 100 % ! Puisque c'est toujours le contribuable qui paie ! Si vous n'acceptez pas le jeu, vous ne gagnerez aucun appel d'offres provenant des socialistes. Mettez-vous à la place d'un chef d'entreprise qui fait une part notable de son chiffre d'affaires avec ce genre de clients (surtout ceux du BTP) : s'il refuse, il perdra la moitié de ses commandes et sa société coulera automatiquement ! Il mettra ses salariés et lui-même sur le pavé... S'il dénonce la manip à la justice, même topo. Plus aucun client public ne lui fera confiance, il perdra une bonne partie de ses commandes et il coulera. Sans compter qu'il n'est pas sûr de gagner ! N'oublions pas que la majorité des juges sont de gauche. C'est la démonstration évidente que, dans la corruption, la faute incombe au corrupteur, pas au corrompu.

Quand il fut découvert grâce au livre de Gaudinot, ce racket déclencha un tollé en France. Mitterrand craignit que des élus de son bord passent en justice (de droite), soient contraints d'avouer toute l'étendue de la corruption et qu'il se retrouve lui-même condamner. Alors, il décida de présenter une loi à l'assemblée nationale qui amnistierait les élus socialistes corrompus, sous le prétexte officiel de "moraliser" la vie politique ! Son cynisme et son culot (entre autres…) n'avait pas de limite. La réaction indignée des Français devant ce déni de justice, pas aussi idiots que Mitterrand le croyait, le força à faire machine arrière. Temporairement. Car il revint à la charge avec une botte secrète : ce ne sera pas l'amnistie des élus racketteurs qu'il propose de faire voter par nos dépités, mais l'amnistie des entrepreneurs rackettés. En effet, ces derniers finissaient par dévoiler leurs corrupteurs quand la justice devenait un peu trop pressante. Il suffisait de rendre la justice moins pressante. Et voilà, le tour était joué : les juges n'ayant plus le droit de poursuivre les entrepreneurs, ils ne pouvaient plus atteindre les élus corrupteurs. Il a fallu des mois, plus tout un gouvernement, plus l'ensemble des députés de gauche pour trouver cette lumineuse idée. C'est à cela que sert la démocratie française, celle que nous nourrissons de notre sang et de nos larmes...

Cette amnistie, proposée pour protéger les élus de gauche, fut votée par 100 % de la gauche. Comme celle-ci était majoritaire, cela suffit pour que la loi passe. Mais il faut ajouter les députés de droite TOUS absents fort opportunément ce jour-là ! Il est vrai qu'eux aussi étaient compromis dans l'affaire Urba, quoiqu'à moindre titre… On peut donc assurer qu'en 1989, officiellement, 100 % des députés de gauche étaient corrompus, plus la plupart des députés de droite…
Mais l'histoire n'est pas terminée ! Une fois la loi d'amnistie des entrepreneurs votée, le Conseil Constitutionnel la modifia ensuite pour la rendre "constitutionnelle", prétextant qu'il fallait que tous les citoyens demeurent égaux devant la loi. Alors, pour respecter ce principe …dans le sens de la corruption, pas de la justice, les élus furent inclus dans l'amnistie ! Pour la deuxième fois, le Conseil constitutionnel révèle sa propre corruption. En votant de concert une loi scélérate et anticonstitutionnelle, Conseil Constitutionnel et Parlement français, censés protéger notre démocratie, se sont révélés coupables de forfaiture, à la face du monde.

Le salaire mensuel actuel de nos députés est de 6 952 € brut/mois… Il ne pouvait pas être inférieur, ce sont eux qui se votent leurs rémunérations. Un tel niveau de revenu est nécessaire officiellement pour qu'ils puissent payer leurs collaborateurs. Sauf que, tout aussi officieusement, rien ne les oblige à en prendre… A cela s'ajoute des "avantages en nature" de nabab : restaurant haut de gamme de l'Assemblée à 7 € seulement le repas, voiture gratuite sur Paris avec chauffeur, taxis parisiens gratuits, train 1ère classe gratuit, avion gratuit, tarifs préférentiels dans les hôtels, prêts à taux réduit ! Plus leur rémunération de conseiller général ou régional s'ils cumulent les mandats, ce qui est très fréquent : 86 % des parlementaires cumulent plusieurs salaires ! Le cumul de mandats nationaux (député, sénateur) avec des mandats locaux (maire, conseillers régionaux ou généraux) est une exception française (voir ici). On croit rêver… Il y a sûrement d'autres indemnités confidentielles que le vulgum pecus ne peut pas connaître. Et tout cela en échange de quel travail ? La production de lois en surnombre que les juges n'utilisent pas ou ignorent - mon cas en fait foi - ainsi qu'un contrôle du gouvernement et du président parfaitement théorique puisqu'il ne s'exerce jamais… Prenons un exemple récent, le cas de Christine Boutin, députée à la retraite, qui a défrayé la chronique. En plus de sa retraite parlementaire, elle perçoit des indemnités en tant que conseillère générale, plus 9 800 €/mois pour une obscure mission que lui a confié l'État. Soit un revenu mensuel de 18 000 €/mois ! C'est beau pour un retraité doublé d'un conseiller général dont la fonction ne sert à rien…

Combien avons-nous aujourd'hui de députés bénéficiant de ce splendide traitement ? 732 ! Soit 132 millions d'Euros par mois de rémunérations versées par les Français - malgré eux - aux députés. Et combien de sénateurs avons-nous qui ne sont pas en reste ? 346 ! Affolant : 1 078 parlementaires les mieux payés d'Europe que nous payons pour, finalement, nous rouler… Et ce nombre augmente sans cesse. Avec tant de "législateurs", on comprend la cacophonie… Mais la cagnotte est si attractive. Ajoutons le coût du personnel travaillant à l'assemblée nationale, les frais divers, les frais de déplacements-hébergements à la charge du contribuable. La note est probablement doublée...

En somme, au cours des années, nos députés n'ont cessé d'augmenter nos impôts dans leur plus égoïste intérêt, alors qu'ils ont été élus pour les réduire…

En 2007, nos chers (au sens de "coûteux"…) députés se seraient votés à l'unanimité et en toute discrétion (comme souvent…) un décret (pas une loi, c'est trop visible…) portant leur période d'indemnisation de chômage de 6 mois à 5 ans, soit la durée d'un mandat, à 100 % de leur salaire (6 952 € brut/mois) ! Et ensuite, s'ils sont encore chômeurs, ce décret leur accorde à vie 20 % de leur ex-salaire, soit 1 400 €/mois qu'ils peuvent cumuler avec leurs autres revenus ! S'ils ont été réélus au bout de leur mandat grâce aux vertus de l'alternance, ils n'auront jamais connu le chômage, ils n’auront pas travaillé et auront au contraire vécu comme des nababs aux frais des Français. C'est ce qu'ont prétendu le Canard Enchaîné, Midi Libéré et une radio (RMC). C'était si scandaleux que nombre de Français, dont moi, ont voulu contrôler.

Quelques blogs de députés rectifient par un texte recopié à l'identique les uns sur les autres (ce qui n'est pas le signe d'une parfaite sincérité), confirmant qu'il y a bien eu décret mais qu'il ne porte la durée du chômage indemnisé qu'à 3 ans, avec un taux dégressif : de 100 % à 20 %. Il ne concernerait pas ceux qui ont un emploi ou un revenu assuré : fonctionnaires et retraités, soit la quasi-totalité des députés. D'ailleurs, en 2010, disent ces blogs, plus un seul député n'en bénéficierait ! Enfin, ce chômage serait financé par les cotisations des députés pris sur leurs salaires et ne coûterait rien aux Français. Sur ce dernier point, le mensonge est flagrant : les salaires des parlementaires sont financés par l'État, donc par nous, donc leurs cotisations aussi. Il ne faut pas oublier que ce sont eux qui se votent leurs salaires et que, pour pouvoir cotiser de 5 % pour leur chômage, il leur suffit de s'augmenter de 5 %... Bel effort ! 

Maintenant, raisonnons (ma spécialité). Connaissant la rouerie de nos parlementaires, on s'étonne du vote en secret d'une telle mesure si elle a si peu d'utilité. De même qu'on s'étonne de leur manque de vigueur et d'unanimité à défendre leur décret s'il est aussi véniel qu'ils le disent. Pour ajouter à l'étrange, aucun démenti officiel n'est provenu de l'assemblée nationale ! Elle a laissé sciemment se répandre sur Internet et chez le Français une raison supplémentaire d'alimenter ce qu'elle-même appelle "l'antiparlementarisme primaire"… Serait-ce que la rumeur est vraie, ou serait-ce que c'est leur version qui est vraie …sauf qu'ils se sont consentis d'autres avantages compensatoires que nous ne connaissons pas et qui maintiennent l'indemnisation à 100 % de leur revenu antérieur ? J'ai cherché à démêler le vrai du faux, comme beaucoup d'autres, mais sans succès ! Comme tout le monde. C'est d'autant plus difficile qu'aucun grand journal, aucune télé, aucune grande radio - comme par hasard ! - ne s'est attaché à faire la lumière sur cette question… Serait-ce parce que ces médias sont dirigés par des grands groupes dont les patrons sont politiquement engagés, avec des copains dans l'hémicycle ? C'est donc la parole des uns contre la parole des autres. Il reste que ni l'assemblée nationale ni aucun député n'a fait circuler sur Internet la photocopie du décret qui aurait pu calmer le jeu. Belle démocratie que voilà…

Une seule conclusion possible : la rumeur est vraie, et peut-être pire encore, ce qui explique le silence gêné des personnes dans le secret. De tous les copains vivant de la naïveté des Français…


Une fois dans ma vie, j'ai côtoyé pendant un quart d'heure, un quart d'heure seulement, un jeune qui se destinait à la politique. C'était en 1974 et je revois cet instant comme si c'était hier. Ce jeune, c'était le cousin de mon meilleur ami, il s'appelait de Froment. Je ne me souviens pas de son prénom... C'est probablement le député Bernard de Froment mais je n'en suis pas certain. Mon ami me l'a présenté chez lui à Moulins. Assis près d'une cheminée dans une pièce toute nue donnant sur la cour d'entrée au rez-de-chaussée, nous commençâmes tous les trois à discuter poliment de nos études respectives. Il me dit fièrement qu'il venait d'obtenir le diplôme de Sciences Po et je le félicitai sincèrement. Je lui demandai alors ce qu'il comptait faire ensuite comme métier. Il hésita un peu puis me répondit qu'il ne comptait pas entrer tout de suite dans la vie active. Il prévoyait d'abord de tenter l'Ena. J'avais 28 ans mais déjà une opinion sur l'Ena. "Tu veux devenir fonctionnaire ?"  lui demandé-je étonné. "Non, répondit-il, je veux faire de la politique". Et il me regarde, curieux de voir ma réaction. Je lui réponds poliment : "tu veux prendre la défense de la veuve et de l'orphelin ? Être un des rares à se mettre au service des électeurs ? Ca ne va pas être facile ! " Il me répond :"Pas particulièrement, je veux simplement faire de la politique."  Cela m'étonna pour un Froment, famille dont je connaissais le sens moral. Je lui dis, le plus diplomatiquement possible : "tu te rends compte que tu te proposes d'entrer dans un monde très spécial ? Un vrai panier de crabes ? Tu côtoieras des gens souvent corrompus, des gens qui mentent à leurs électeurs, seulement préoccupés de s'échanger des services pour rester au pouvoir ? Tu désires vraiment passer ta vie dans ce monde-là ?" De la part d'un Sciences Po, je m'attendais à ce qu'il défende son bifteck. Pas du tout ! Il me lance instantanément un regard venimeux, comme si je l'avais percé à jour, et me répond agressivement. Il devient de plus en plus furieux et incontrôlable et finit par m'insulter carrément, comme si nous étions ennemis de longue date ! Je ne me souviens plus de ses propos, j'étais trop fasciné par ce spectacle inattendu. Puis soudain, il n'y tint plus. Il se leva et s'en alla sans un adieu, nous plantant là, son cousin interloqué et moi. Il sauta dans sa voiture, fit demi-tour et s'en alla sans un regard dans notre direction ! Inutile d'être grand psychologue pour comprendre ce qu'il s'était passé : il s'attendait à de l'admiration... Au lieu de cela, il a ressenti mon dégoût… Ses motivations étant loin d'être pures, il s'est senti percé à jour et impuissant à justifier son projet. Une seule solution : la fuite….

J'en ai tiré cette leçon, à l'époque, que les candidats à la politique savaient parfaitement dans quoi ils s'engageaient. Ils savaient qu'il n'y a pas de place là-dedans pour des gens honnêtes. Mais c'est justement ce qu'il leur plaisait. Ils voulaient se retrouver entre magouilleurs et profiteurs du système.


Tout ce que nous venons de voir se qualifie d'un seul nom : corruption. La corruption, c'est l'agissement par lequel une personne investie d’une fonction publique sollicite ou accepte un don, une offre ou une promesse en échange d'un agissement relevant de ses fonctions qui, par essence, ne lui coûte rien. "Si tu me paies, je te favorise même si tu ne le mérites pas…" Les corrupteurs sont donc toujours des politiciens ou des fonctionnaires installés à des postes-clés, dits …de confiance. L'ennui, c'est que dans une affaire de corruption, c'est toujours l'argent du peuple qui est détourné. Et comme, par principe, il n'est pas destiné à des gens honnêtes capables de s'enrichir par leur propre valeur ajoutée, c'est de l'argent mal utilisé : où il s'expatrie vers des paradis fiscaux ou il finance des actes répréhensibles. D'où les réseaux de blanchiment d'argent conçus pour éviter à l'argent issu de la corruption d'être retracé jusqu'à son origine, le politicien, le fonctionnaire ou le truand. Le contraire de "corrompu", c'est "intègre". Incorruptible. Il est hélas de notoriété publique qu'un fonctionnaire intègre, c'est très rare... D'où un usage parcimonieux de ce mot. Cherchez "fonctionnaire intègre" dans Internet, à l'heure où j'écris ces lignes il y a …une citation ! On est loin des centaines de pages sur "politiciens corrompus" ou simplement sur "super menteur"… Dans l'imagerie populaire, un politicien intègre, ça n'existe pas… Notez que la question ne se pose pas dans le privé. Le salarié "intègre" ou "corrompu", ça n'a pas de sens même si ça existe. Car, dans son entreprise, il est sous contrôle et contraint à une certaine efficacité générale, toute déviation pouvant nuire à l'existence-même de l'entreprise (voir l'affaire Jérôme Kerviel). Le sens moral est plus élevé dans le privé car il s'y exerce un vrai contrôle quotidien.
Pour compléter vos connaissances en matière de corruption politique, je vous invite à parcourir ces pages web très instructives, rédigées par Denis Touret, un prof de droit spécialiste de la géopolitique : http://www.denistouret.net/constit/2272.html.
Encore une fois, les Français ne sont pas dupes : d'après France 2, un sondage (Viavoice pour Libération) révèle qu'en juillet 2010, 64 % des personnes interrogées jugent les dirigeants politiques "plutôt corrompus". 74 % même selon la "France d'en bas", ouvriers et employés ! D'après la Sofres, c'était 38 % en 1977 (sous Giscard), 46 % en 1990 (sous Mitterrand), 58 % en 2002 (sous Chirac). A cette allure, on va arriver aux 100 % …et à la révolution !
Détendons-nous un peu… Voici, légèrement amélioré par mes soins, un palindrome instructif circulant sur Internet :
Dans notre parti politique, nous accomplissons ce que nous promettons.
Seuls les imbéciles peuvent croire que
nous ne lutterons pas contre la corruption.
Parce que, il y a quelque chose de certain pour nous :
L'honnêteté et la transparence sont la base de nos idéaux.
Nous démontrerons qu'il faut vraiment être stupide pour croire encore que
les mafias continueront à faire partie du gouvernement comme par le passé.
Nous certifions, sans l'ombre d'un doute, que
la justice sociale sera le but principal de notre mandat.
Malgré cela, il y a encore des naïfs qui s'imaginent que
l'on puisse continuer à gouverner
avec les ruses de la vieille  politique.
Quand nous aurons le pouvoir, nous ferons tout pour que
soit mis fin aux situations privilégiées et au trafic d'influences
Sachez que nous ne permettrons d'aucune façon que
nos enfants meurent de faim
En effet, nous accomplirons nos desseins même si
les réserves économiques se vident complètement
nous exercerons le pouvoir jusqu'à ce que
tous les experts en politique admettent que
Nous sommes les meilleurs pour gouverner

Et maintenant, relisez mais en partant de la dernière ligne. Vous allez découvrir le sens caché…



Vous aurez noté qu'à diverses reprises, j'ai cité le Conseil constitutionnel comme complice du parlement. Cette institution a été voulue par De Gaulle pour empêcher le gouvernement des juges. On constate qu'elle est loin de jouer ce rôle. Elle joue plutôt le rôle de pompier pour redresser le tir quand nos députés se sont un peu empêtrés dans leur corruption. Pour mieux comprendre ses motivations, regardons sa composition, d'après le site du Conseil constitutionnel lui-même :
·         Jean-Louis DEBRÉ, nommé par le Président de la République en février 2007
·         Valéry GISCARD D'ESTAING, membre de droit 
·         Jacques CHIRAC, membre de droit 
·         Pierre STEINMETZ, nommé par le Président de la République en février 2004
·         Jacqueline de GUILLENCHMIDT, nommée par le Président du Sénat en février 2004 
·         Renaud DENOIX de SAINT MARC, nommé par le Président du Sénat en février 2007 
·         Guy CANIVET, nommé par le Président de l'Assemblée nationale en février 2007 
·         Michel CHARASSE, nommé par le Président de la République en février 2010 
·         Hubert HAENEL, nommé par le Président du Sénat en février 2010 
·         Jacques BARROT, nommé par le Président de l'Assemblée nationale en février 2010 
·         Claire BAZY-MALAURIE, nommée par le Président de l'Assemblée nationale en août 2010

1.    Jean-Louis Debré est politicien de père en fils… Il affirme sur France 2 ne pas comprendre les poursuites judiciaires (méritées) contre Jacques Chirac - son collègue au sein du Conseil… - dans le cadre de l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris. Il juge que "c'est inutile pour lui, pour la France"… Et pour la justice qu'il représente ? Rien… Non seulement sa position est indéfendable mais en s'exprimant ainsi publiquement il contrevient au devoir de réserve attaché à sa fonction. C'est dire comme il la respecte… Il a également fortement affirmé que : « [le Conseil constitutionnel] est une arme contre la déviation du régime parlementaire ». Puis, en tant que président de l'assemblée, joignant le geste à la parole, il fait voter les somptuaires rémunérations et chômage des députés de 2007. Plus faux jeton, tu meurs !
2.    Giscard d'Estaing, membre de droit en tant qu'ex-président de la république. On a vu plus haut ses hauts faits politiques et son sens moral élevé...
3.    Jacques Chirac, membre de droit en tant qu'ex-président de la république, poursuivi par la justice mais surtout pas démissionnaire.
4.    Michel Charasse, ministre des Impôts à l'époque du vol de mon crédit impôt recherche, responsable de l'hypothèque secrète de ma maison, du dépôt de bilan de ma première société, des 11 750 € d'intérêts de retard pour une somme que son ministère a refusé de me verser, le coupable de 20 ans de persécution fiscale… C'est un des principaux ministres et conseillers de Mitterrand. Il l'a assisté dans la gestion des innombrables affaires pourries qui ont émaillé les deux septennats mitterrandiens. C'est lui qui orchestrait, entre autres, la communication de l'Élysée après le "suicide" de Grossouvre, allant jusqu'à prétexter sa sénilité précoce pour tenter de justifier cette thèse... Dans un communiqué très offensif, la famille Grossouvre lui reproche d'avoir fait disparaître les papiers personnels du décédé pour que la lumière ne puisse être faite ni sur le décès de Grossouvre ni sur la corruption de Mitterrand… Charasse ne s'est jamais départi de sa fidélité à son président et  jamais, depuis sa mort, il n'a regretté sa participation à cette période calamiteuse. Bien au contraire, il s'en vante cyniquement et parade dans les médias cigare au bec, se proclamant « gardien du temple mitterrandien » ! Cet homme se fiche quotidiennement de la g… des Français sans qu'aucun juge ne l'inquiète.
5.       Sur les autres "sages", je n'ai pas d'histoire croustillante fiable. Pierre STEINMETZ, Claire BAZY-MALAURIE, Renaud DENOIX de SAINT MARC et Hubert HAENEL sont énarques (comme Chirac et Giscard !). Jacqueline de GUILLENCHMIDT, Jacques BARROT sont issus de Sciences Po et Guy CANIVET est haut magistrat. Un seul commentaire : plus de la moitié proviennent de l'Ena (l'École Nationale d'Arnaque…), deux autres de Sciences Po, l'école préparatoire à l'Ena. Seul le dernier est "original" puisqu'il est issu de l'École Nationale de la Magistrature.
Au Conseil constitutionnel, nous sommes en pleine monoculture : pas un membre de la société civile ou même d'une entreprise publique ! Et alors qu'il s'agit d'une fonction éminemment juridique, il n'y a qu'un seul magistrat… Dans le Conseil, le poids des ex-présidents Giscard et Chirac, ajouté à celui de Charasse confident de Mitterrand pendant 14 ans, pèsent lourd dans les décisions du Conseil : 33 ans de présidence de la France, la quasi-totalité des partis politiques et 95 % des affaires de corruption, face à quelques petits membres du conseil choisis pour leur docilité… L'intérêt du peuple ne peut pas être défendu. C'est la victoire de la corruption dans une institution créée pour y faire obstacle. Les bonnes intentions de De Gaulle ont été dévoyées.

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